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Vivre et Travailler avec une RQTH chez Infogene : Témoignages de collaborateurs

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Nous avons eu le plaisir de rencontrer deux de nos collaborateurs Infogene, dans le cadre de la SEEPH (Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées). Christophe et Florent ont accepté de répondre à nos questions pour nous aider à mieux comprendre leur statut de travailleur handicapé et évoquer leur quotidien. (Les noms ont été changés dans un souci de confidentialité).

 

Quand avez-vous obtenu votre RQTH, et pour quelles raisons ?

  • Christophe : J'ai été diagnostiqué de la sclérose en plaques en 2016. Ma neurologue m’a conseillé de faire une demande de RQTH, au cas où j’en aurais besoin un jour. Depuis, j’ai dû la renouveler, mais la maladie ayant évolué, certaines aides m’ont été refusées récemment. En Belgique, où j’ai commencé mes démarches, l’accueil était terrible, déshumanisant. C’est en     France, il y a 4 ans, que tout a été plus simple et respectueux.

  • Florent : J’ai obtenu ma RQTH dans les années 90, sur l’insistance de ma mère, qui pensait que cela faciliterait mon employabilité. À l’époque, j’exerçais une activité professionnelle totalement différente de celle que j’ai actuellement. Par la suite, je l’ai renouvelée deux fois, mais je n’ai jamais exploité pleinement les droits qu’elle me conférait.

 

Avez-vous informé vos collègues ou votre employeur de votre handicap ?

  • Christophe : Oui, dès mon arrivée chez Infogene, je leur en ai parlé. Mon profil LinkedIn contient même une vidéo où je témoigne de mon quotidien. Mon équipe a été très réceptive, curieuse dans le bon sens, et paternaliste parfois. Ils me soutiennent.

  • Florent : Je n’en parle pas beaucoup. J’ai déclaré ma RQTH à mon employeur, mais uniquement parce que je pensais que cela serait utile pour la société, pas pour moi. Je n’aime pas attirer l’attention sur mon handicap. J’ai un double handicap qui s’aggrave, mais je préfère me débrouiller seul, même si cela impacte mon quotidien tant personnel que professionnel.

 

Quelles adaptations de poste ou aide savez-vous obtenues ?

  • Christophe : Grâce à la RQTH chez Infogene, j’ai pu obtenir un siège ergonomique. J’ai eu la possibilité d’aménager mon temps de travail si mon état de santé le nécessite et prochainement je pourrais obtenir un véhicule automatique qui     changera pour le mieux mon quotidien professionnel. Chez un ancien employeur, à l’inverse, un mi-temps thérapeutique recommandé par mon médecin m’avait été refusé, chose que j’ai très mal vécu à l’époque.

  • Florent : Je n’ai pas encore demandé d’aménagement. Je n’ose pas. Mon logement est trop petit pour le télétravail, et je n’ai pas osé demander un poste de travail mieux adapté sur site, comme un bureau réglable ou une chaise ergonomique. Je me dis que la réponse serait forcément négative, alors je n’essaye même pas.

 

Quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face au quotidien dans votre travail ?

  • Christophe : Mon plus grand défi est de composer avec la fatigue chronique et les douleurs neuropathiques. Ces symptômes ne se voient pas, mais ils impactent ma capacité à me concentrer ou à travailler longtemps sans pause. C’est frustrant, car je dois fournir plus d’efforts pour atteindre les mêmes résultats qu’un collègue valide. Heureusement, mon équipe est compréhensive.

  • Florent : Le principal défi pour moi est de rester discret sur mes douleurs et mes besoins. Je ne veux pas qu’on pense que je me plains ou que je cherche un traitement de faveur. Cela m’oblige souvent à supporter des inconforts, comme des équipements de bureau inadaptés, qui aggravent mon mal de dos.

 

Qu’est-ce que le travail représente pour vous, malgré ou grâce à votre handicap ?

  • Christophe : Le travail, c’est une source d’épanouissement personnel et professionnel. Mon handicap ne m’a jamais empêché de viser haut, et au contraire, il m’a donné une motivation supplémentaire pour me surpasser. Je veux prouver qu’on peut réussir malgré les obstacles.

  • Florent : Pour moi, le travail est un moyen de rester actif et de ne pas me laisser submerger par mon handicap. Même si je râle parfois, je suis fier de contribuer et de montrer que je peux être aussi performant qu’un autre.

 

Question : Avez-vous déjà vécu des expériences négatives liées à votre handicap au travail ?

  • Christophe : Oui. Mon handicap est invisible, et j’ai souvent dû justifier ma situation, même pour me garer sur des places réservées. Cela devient épuisant à la longue. J’aimerais que les gens comprennent que si j’atteins mes objectifs professionnels, cela demande beaucoup plus d’efforts qu’une personne valide.

  • Florent : Lors d’une expérience professionnelle passée, une collègue a utilisé mon handicap contre moi dans une situation de conflit. Cela m’a fait regretter de lui en avoir parlé. C’est pour cela que je préfère souvent ne pas évoquer le sujet : on ne sait jamais comment les autres vont réagir.

 

Quelles actions pourriez-vous conseiller à Infogene pour mieux soutenir les collaborateurs handicapés ?

  • Christophe : Il faudrait mieux communiquer sur les démarches possibles : expliquer ce qu’est la RQTH, à quoi elle sert, et comment obtenir un aménagement de poste. Cela pourrait être fait via un point visio régulier ou une initiative dédiée, comme des interviews ou des interventions de référents handicap. La visibilité sur ces sujets est clé. Le plus important, c’est de partager des témoignages et des histoires personnelles. Quand je parle de ma sclérose en plaques, je sens que mes collègues comprennent mieux ce que je vis et pourquoi j’ai parfois besoin d’aménagements. Les journées de     sensibilisation comme Octobre Rose ou Movember sont de bonnes opportunités pour élargir ce type d’initiatives au handicap.

  • Florent : Je pense que le référent handicap et la direction devraient contacter directement les collaborateurs et pas l’inverse. Beaucoup n’osent pas faire le premier pas, de peur d’être perçus comme des râleurs ou de subir des stigmates. Une réunion d’information, une table ronde ou même un afterwork sur le sujet aiderait à lever ces freins et à normaliser le     dialogue sur le handicap. On pourrait aussi créer des supports simples, comme des vidéos ou des fiches pratiques, pour expliquer ce qu’est un handicap invisible et comment être un collègue ou un manager plus inclusif.

 

Quels seraient les bénéfices d’une meilleure inclusion des personnes handicapées dans l’entreprise ?

  • Christophe : Une entreprise inclusive est une entreprise plus humaine et plus performante. Quand on se sent soutenu, on est plus motivé et on donne le meilleur de soi-même. Cela crée aussi un climat de confiance qui profite à tout le monde, pas seulement aux personnes handicapées.

  • Florent : L’inclusion permet de montrer que l’entreprise est à l’écoute de tous ses collaborateurs, quelles que soient leurs spécificités. Cela peut aussi attirer des talents qui hésitent encore à rejoindre une entreprise par peur de discrimination.

 

Un dernier mot pour les personnes en situation de handicap dans le milieu professionnel ?

  • Christophe : Communiquez et parlez de votre situation ! Cela permet de savoir qui est prêt à vous accepter et à vous soutenir. Mais surtout, ne perdez jamais votre ambition. Je suis carriériste, et mon handicap m’a donné encore plus de force pour me surpasser. Cela peut débloquer des solutions qui améliorent vraiment leur quotidien.

  • Florent : Acceptez votre situation et osez demander des aménagements si cela peut améliorer vos conditions de travail. Le regard des autres peut être dur, mais votre bien-être au travail est essentiel. Parfois, le simple fait de poser des questions peut déjà ouvrir des portes sans se mettre trop en avant.